mardi 2 juin 2009

Télétapin

Depuis deux jours, ça tapine sec sur les écrans Français. Un avion s'est écrasé. Dans toutes les rédactions, le maître mot est "DIGNITÉ".

Les journaux télévisés sont ponctués d'interventions d'envoyés spéciaux qui sont au cœur de l'action. Ils occupent donc le temps d'antenne en disant qu'ils n'ont rien à dire. On assiste alors à la scansion (mot appris aujourd'hui) d'informations périmées et sans intérêt. On film les familles des sinistrés en gros plan, à leur arrivée à l'aéroport, le visage défait par l'angoisse et la stupeur. Vous aurez certainement noté que je n'ai pas parlé de "victimes", mot absurde et trop souvent utilisé pour enfermer quelqu'un ad vitam eternam dans un statut de "personne à part". Et puis victime de quoi ? De qui ? On en sait rien... Pourtant sur toutes les ondes, on parle, on commente, on se perd en explications d'hypothétiques détails improbables. On invite des spécialistes qui viennent expliquer que c'est décidément un gros mystère mystérieux. A défaut d'explications, on ressort de vieilles images d'archives où on voit la foudre tomber sur un appareil. Comble du bon goût, on va interviewer les gens qui voulaient prendre cet avion et qui n'ont pas pu : entendre un sexagénaire vérolé et unijambiste dire qu'il a la baraka est absolument primordial pour bien prendre la mesure de la catastrophe qui tombe sur ces gens.
DI-GNI-TÉ !!!
Le Président est venu en personne. Le visage crispé et la prise de parole difficile, les yeux baissés comme un enfant pris en faute.
Qu'est-ce qu'il a lui ? Pour une fois qu'il est à sa place, on a l'impression qu'il va s'excuser de quelque chose... Ségolène sort de ce corps !

Le plus pénible dans cette affaire, c'est que dans quelques temps,on aura droit à une petite crise de conscience de la presse qui, unanimement, se posera la question "En avons-nous fait trop ?".

Une fois de plus, le journalisme Français se distingue. Dans une semaine, c'est les Européennes, on aura tout oublié.

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